Gwangju, mémoire d'un massacre : un combat pour la démocratie et la liberté.
- Sorae (소래)
- 18 mai
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : il y a 7 jours
18/05/2025
Cette tragédie s'inscrit comme un devoir de mémoire pour tous. Cette lutte, menée au nom de la démocratie, mérite un moment de recueillement en hommage à la jeunesse et à toute la population tombées sous les balles des militaires au nom de la liberté.
Cette blessure est toujours ouverte dans le cœur de nos amis coréens.
Nous vous envoyons toutes nos pensées depuis la France en ce jour de commémoration.

Le 18 mai 1980, la ville de Gwangju, dans le sud-ouest de la Corée du Sud, entrait dans l’histoire à la faveur d’un drame dont les échos résonnent encore aujourd’hui.
Ce jour-là, des citoyens, en majorité des étudiants, se sont soulevés pour réclamer la démocratie face à un régime militaire autoritaire.
Leur courage fut violemment réprimé par l’armée, laissant derrière elle des centaines de morts. 45 ans plus tard, la mémoire du massacre de Gwangju est devenue un enjeu national et un symbole universel de lutte pour la liberté.
Retour sur un combat mémoriel toujours actif.
Une répression sanglante étouffée pendant des années
Après l’assassinat du président Park Chung-hee en octobre 1979, la Corée du Sud traverse une période de transition instable. Le général Chun Doo-hwan s’empare du pouvoir par un coup d’État militaire et impose la loi martiale. Le 18 mai 1980, des étudiants de l’université de Chonnam manifestent pacifiquement à Gwangju. Ils sont brutalement attaqués par des troupes d’élite. Rapidement, les citoyens se joignent au mouvement, transformant la protestation en insurrection. Pendant neuf jours, la ville résiste. L’armée reprend finalement le contrôle le 27 mai dans un bain de sang.
Longtemps, l’État présente ces événements comme une tentative de soulèvement communiste. Il faudra attendre les années 1990 et l’avènement de la démocratie pour que les faits soient reconnus et que les victimes soient réhabilitées. Chun Doo-hwan et son successeur Roh Tae-woo seront condamnés en 1996 pour leur rôle dans la répression.
Gwangju, ville-mémoire
Aujourd’hui, Gwangju est un haut lieu de mémoire. Le Cimetière national du 18 mai abrite les tombes des victimes et accueille chaque année des cérémonies officielles. Le musée-mémorial du 18 mai, inauguré en 1997, retrace les événements au travers de documents d’archives, d’objets personnels et de témoignages poignants. Une statue monumentale, "La Statue du Flambeau", symbolise l’espoir démocratique.
Le 18 mai est depuis 1997 une journée nationale de commémoration, reconnue par l’État. Chaque année, une cérémonie est organisée, où l’on chante l’hymne emblématique "March for the Beloved" (임을 위한 행진곡), écrit en mémoire de deux jeunes militants tués. Ce chant, devenu symbole de résistance, a même été sujet à controverses lorsque certains gouvernements conservateurs ont tenté d’en interdire l’usage officiel.
La mémoire dans la culture populaire
Le massacre de Gwangju a inspiré de nombreuses œuvres artistiques. Le cinéma en particulier s’est emparé de cette histoire. Le film "A Taxi Driver" (2017), qui retrace la rencontre entre un chauffeur coréen et un journaliste allemand ayant couvert les événements, a rencontré un immense succès populaire. D’autres films comme "May 18" (2007) ont également contribué à faire connaître cette page sombre de l’histoire coréenne.
Dans la littérature, le roman "Actes humains" de Han Kang explore les traumatismes laissés par le massacre à travers une narration bouleversante. La musique aussi joue un rôle, avec des chansons engagées qui continuent d’accompagner les mouvements sociaux contemporains.
Un héritage vivant, mais contesté
Malgré les avancées, la mémoire du 18 mai reste un sujet sensible. Certains groupes conservateurs persistent à nier la brutalité du massacre ou à évoquer une manipulation nord-coréenne. La reconnaissance des victimes et la diffusion du récit historique font encore l’objet de luttes. Des commissions de vérité continuent de chercher à identifier les responsables, les fosses communes, et à faire toute la lumière sur les zones d’ombre.
La jeunesse sud-coréenne, elle, s’empare de plus en plus de cet héritage. Visites scolaires, programmes éducatifs, manifestations citoyennes : Gwangju reste un repère pour celles et ceux qui défendent la justice sociale, les droits humains et la liberté d’expression.
Une mémoire universelle
Au-delà des frontières sud-coréennes, le massacre de Gwangju est désormais reconnu comme un exemple majeur de lutte démocratique dans le monde.
Universités, ONG et institutions culturelles s'appuient sur l'exemple de Gwangju pour enseigner l'histoire des droits humains et des résistances civiles.
Gwangju n’est pas seulement une tragédie coréenne : c’est un cri universel contre l’oubli.
Se souvenir du 18 mai 1980, c’est refuser l’oubli. C’est honorer le courage de celles et ceux qui se sont levés contre l’injustice, malgré les risques. C’est reconnaître la douleur d’un peuple qui a vu sa jeunesse sacrifiée pour la démocratie.
Aujourd’hui, la blessure reste vive dans le cœur des Coréens. Et si le peuple a réagi si fort il y a quelques semaines, face à la réinstauration de la loi martiale par le président récemment destitué, c’est parce que cette mémoire est encore bien présente. Ils savent que la liberté se défend chaque jour, et que le prix du silence est trop lourd à porter.
Comprendre ce lien entre passé et présent, c’est mieux saisir pourquoi la Corée d’aujourd’hui est si attachée à la démocratie et à la justice.
Depuis la France, en tant qu’amoureux de la Corée et citoyens du monde, nous nous associons à ce devoir de mémoire.
Que jamais ne se taisent les noms de celles et ceux tombés pour la liberté.
Sorae pour coreepassion.fr
#Gwangju #Gwangju1980 #May18 #518민주화운동 (mouvement de démocratisation du 18 mai) #5월광주 (Gwangju de mai) #광주항쟁 (Soulèvement de Gwangju) #RememberGwangju #GwangjuMassacre
boulversant, encore une partie de l'histoire de la Corée que peut connaisse...merci pour ce bel article/hommage
Merci pour ce rappel d'une page sombre de l'histoire de la Corée !
Les mots "Démocratie" et "Liberté" ne sont pas de vains mots, Merci pour cet article qui nous permet de découvrir un fait historique de la Corée du Sud....